Oublier, par Mohammed Hifad

par **Mohammed Hifad** Mar 26 Mai - 23:10

Oublier !

Parfois , je suis un enfant qui se voit adulte .
Parfois je suis un adulte qui se voit un enfant.
En fin de compte , je ne suis qu’un enfant
Avec un corps d’adulte,
Toujours fragile, sensible,
Ayant peur face à l’infini et à l’inconnu,
Qui m’écrasent et me rendent insignifiant !
J’ai toujours besoin de ma mère ,
Qui est partie sans me prévenir,
Elle qui n’a jamais su ce que signifie
La fête des mères , le voyage ,
la richesse et le savoir !
Elle ne connait que le travail pénible
Et les enfants dans tous leurs états !
Elle n’a connu que la peine croissante
Des jours qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
J’ai toujours besoin de mon père
Derrière lequel je me suis caché ,
Sur le chemin de la maison,
Au milieu du champs froid d’orge,
Par peur , le cœur battant très fort,
Lors d’une nuit opaque ,
Sous une pluie diluvienne,
Sous le bruit assourdissant du tonnerre ,
Face aux éclairs aveuglants
Qui déchirent le ciel et les cœurs ,
Où mon père est l’égal du ciel
Qui lance toute son armée contre nous !
J’ai toujours besoin d’une femme
A la fois épouse, amie, mère et sœur.
Ce n’est pas moi qui ai inventé
Le personnage , dur et insensible , de l’homme
Ou celui, doux et sensible, de la femme.
Je suis ce que d’autres ont fait
De l’enfant ou de l’adulte que je suis.
Sans cet enfant que je porte toujours en moi,
Je ne serai pas l’adulte que je suis peut être !
J’ai besoin de jouer avec mes petits enfants,
De me rapprocher de cet enfant
Que j’étais et qu’on avait écorché vif
Qu’on a fait passer par divers moules ,
Les uns plus contraignants que les autres,
Pour faire de moi ce que je suis ,
Malgré moi sans jamais
Que personne ne me demande mon avis,
Ni la manière dont je veux être.
Je suis devenu la volonté, les rêves fous,
Et la sculpture laide de faux artistes aux mains coupées !
J’ai besoin de rêver, de chanter, de faire la sieste,
De me promener, de nager , de jouer au foot ,
De discuter et de rire avec des amis,
Et surtout d’oublier que je ne peux pas oublier !

Mohammed Hifad